Un paysan avance, courbé sous le poids d’un fardeau. Il suit un chemin de terre qui serpente à travers la campagne. À l’écart, un homme en habit et tricorne est assis sur une chaise. Il regarde le paysage. Il s’agit peut-être de l’artiste lui-même.
Jean-Gaspard Heilmann est un peintre originaire de Mulhouse. Il se forme d’abord en Suisse, puis à Rome, où il rencontre le cardinal de Tencin. Ce dernier, archevêque de Lyon et ambassadeur de France, devient son protecteur. En 1742, il l’installe à Paris.
Heilmann commence alors une carrière prometteuse. Mais Mulhouse étant une république indépendante, il reste un étranger aux yeux des institutions. Il ne peut rejoindre l’Académie royale, ni recevoir de grandes commandes officielles. Il se spécialise dans le portrait, les scènes de genre et le paysage.
À Paris, il fréquente les milieux artistiques et notamment le cercle du graveur allemand Johann Georg Wille. Ensemble, ils organisent des sorties pour dessiner directement dans la nature, sur les bords de Seine ou dans les campagnes environnantes.
Scène rustique s’inspire sans doute de ces moments. Ce n’est pas une esquisse rapide. C’est une œuvre achevée. L’artiste l’a commencée dehors, puis finalisée à l’atelier pour la vente. Le décor est précis. À gauche, un arbre et une palissade. À droite, des paniers d’osier. Le chemin guide l’œil vers une chaumière, un puits et une ruine.
L’homme assis nous invite à regarder, comme lui, la beauté du paysage.
Si c’est un autoportrait, c’est aussi un adieu. Heilmann meurt en 1760, à l’âge de 42 ans.
Retrouvez cette œuvre à l’occasion de l’exposition Pépites au Musée des Beaux-Arts de Mulhouse.