Le quartier de la gare, sur lequel s’abattent 379 bombes lors du bombardement du 3 août 1944, fait l’objet d’un minutieux plan de reconstruction – conçu par Pierre Jean Guth, architecte en chef au ministère de la reconstruction et de l’urbanisme – qui donne lieu à l’édification de nouvelles formes de bâtiments.
Le pari du ministère de tenter une expérience à Mulhouse est tout à fait tenu avec le bâtiment annulaire. Rien de semblable ne s’était fait auparavant en effet : le choix des matériaux, leur traitement, la forme du bâtiment avec un jardin au centre, tout est innovant ! Le nombre d’étages qui s’abaisse progressivement du côté gare et qui permet à la fois de faire entrer le soleil et de créer une sorte de porte d’entrée de ville pour les voyageurs arrivant en train est du plus bel effet.
Témoin de la qualité des matériaux, ce bâtiment monumental – 96 m de diamètre et 23 m de haut – a peu souffert des assauts du temps depuis son achèvement en 1955. L’utilisation du béton pour un bâtiment d’habitation pour l’essentiel est à l’époque tout à fait novateur, alors que la brique et la pierre règnent en maître. L’originalité vient de la diversité de son traitement : tantôt recouvert de plaques de pierre (notamment sur la façade externe), tantôt brut, tantôt bouchardé ou lavé (comportant des agrégats de gravillons) dans les parties basses.
Côté rue, les balcons sont munis de garde-corps en résille qui ont un effet décoratif particulièrement réussi. Les bâtiments des rues avoisinantes sont tout en cohérence. Il en va ainsi, tout près (rue Paul Déroulède), des façades d’un bâtiment au même revêtement de pierre et qui affiche de grands et élégants claustras en béton.