Que représente pour vous l’occasion de participer au programme des 800 ans d’histoire de la ville ?
C’est pour moi la chance de proposer à grande échelle ce que je fais déjà à petite échelle avec les Ateliers pédagogiques d’arts plastiques (APAP), avec les étudiants de l’Université de Haute Alsace ou avec des centres socioculturels… C’est-à-dire encourager des personnes qui n’ont parfois pas dessiné depuis l’école, de manière décomplexée, ludique, et ça marche toujours bien !

Et la ville de Mulhouse vous paraît être un bon terrain de jeu ?
On organise deux Balades dessinées par mois pendant un an, avec un thème différent à chaque fois, mais je me dis déjà que ça pourrait continuer beaucoup plus longtemps tellement il y a de possibilités ! Je suis mulhousienne d’adoption, je me suis prise d’affection peu à peu pour cette ville, surtout pour son tissage humain et communautaire. C’est une ville où des gens très différents peuvent se retrouver à dessiner ensemble dans des lieux où ils n’iraient pas spontanément, j’ai confiance !

Pouvez-vous nous expliquer comment vont se dérouler les Balades dessinées ?
Les Balades dessinées vont se dérouler deux fois par mois, à chaque fois dans un lieu et un contexte différent : Explor’asso au Parc Expo, le bal tango de la Cie Estro au Foyer Ste-Geneviève, le cimetière central, etc. Sur inscription, on pourra venir les mains dans les poches, je fournis le matériel, tout sera gratuit. Jusqu’à 30 personnes, incluant des groupes de centres socioculturels, pourront suivre les balades il y aura un groupe Whats App “Les balades dessinées des 800 ans d’histoire” pour former une petite communauté. L’idée est de proposer un regard “différent” sur la ville : il ne s’agira pas de faire de croquis de bâtiments par exemple, moi-même je ne suis pas douée pour ça… C’est plutôt le côté insolite qui m’intéresse ! J’ai par exemple adoré dessiner dans le tram avec des étudiants.

Et les Festins dessinés ?
Les Festins dessinés sont organisés avec des partenaires qui ont des lieux dédiés à la cuisine, comme les centres socioculturels Afsco, Papin, Porte du Miroir… Une fois tous les deux mois, le public de ces centres va à la fois préparer à manger et transmettre les recettes en dessinant la préparation. Et s’il y a du gras sur le carnet… Tant mieux ! On pourra même avoir une approche un peu expérimentale, je pense par exemple à l’artiste Sophie Calle qui n’a mangé que du “blanc” pendant une semaine. En tout cas, le grand public sera à chaque fois invité à déguster le résultat !

Qu’essayez-vous de transmettre avec ces propositions ?
C’est le plaisir de faire, en abandonnant le jugement. Dessiner, c’est faire une trace. C’est en lien avec la mémoire… Quand on prend le temps de se poser pour dessiner, on se souvient bien mieux du lieu et du moment que quand on prend une photo vite fait, sans réfléchir. A Londres, dans les musées, il y a des soirées où tout le monde vient faire des croquis des œuvres, il y a même des coachs qui viennent prêter assistance ! C’est ce genre de moment que je souhaite proposer aux Mulhousiens, qui vont aussi pouvoir redécouvrir leur ville de manière différente, inattendue.